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Une nouvelle association pour pallier aux faiblesses du Barreau

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éric Martel

2019-09-05 15:00:00

Une nouvelle association cherche à mieux représenter les intérêts des avocats du Québec. Droit-inc a discuté avec sa première présidente...
 Me Catia Larose lance une association qui modifiera le portrait juridique québécois. Photo : Site Web de l'APAAQ
Me Catia Larose lance une association qui modifiera le portrait juridique québécois. Photo : Site Web de l'APAAQ
Me Catia Larose profite de cette journée de rentrée juridique du Barreau de Montréal, pour lancer une association qui, elle l’espère, modifiera le portait juridique québécois.

Il s’agit de l’Association professionnelle des avocates et avocats du Québec (APAAQ), qui cherchera à défendre et promouvoir les intérêts professionnels et socio-économiques des avocats québécois.

La présidente de l’association ne s’en cache pas: elle veut rapatrier des compétences actuellement exercées par le Barreau. Rien de moins!

Droit-inc a discuté avec l’avocate (qui pratique chez LGB avocats) de son projet ambitieux.

Droit-inc: Dans vos propres mots, qu'est-ce que l'APAAQ?

C’est de faire comme plein d'autres professionnels ont fait, bien avant nous: se réunir, pour parler d'une seule voix.

Soyons plus forts, soyons plus réunis pour une profession forte et en santé. Il est temps que l'on mette de côté les distinctions de domaines de pratique du droit.

C'est une association qui veille intérêt de ses membres, un peu comme la fédération des médecins spécialistes.Je ne dis pas que le Barreau ne fait pas un bon travail, mais il a un mandat dans sa constitution qui le limite et on en connaît les résultats.

Que présumez-vous? Quels sont ces résultats à votre avis?

Pour le gouvernement, c'est facile de négocier avec une organisation qui a comme mandat la protection du public. Le Barreau revendique ce qu'il a de mieux pour les avocats, mais dans la mesure où le gouvernement n'est pas prêt à le donner, ses moyens sont limités. Je ne dirais pas que ses moyens sont inexistants, mais la réalité n'est pas loin de cela.

Notre bâtonnier a très bien fait son travail en informant la population des besoins de l'aide juridique, mais au-delà de cela, il ne peut pas mettre en place des moyens de pression, et en disant cela, je mets mes gants blancs.

Par exemple, les médecins spécialistes qui , insatisfaits de ce qu’on leur offrait, ont lancé le mot d'ordre à ses membres: à partir de demain, vous arrêtez de faire des vasectomies. C'est un exemple rigolo, mais en faisant cela, ils ont réglé leurs problématiques à l'intérieur d'une semaine.

En étant une association qui représente les intérêts de ses membres, je pense qu'on va rééquilibrer le rapport de force dans le cadre des négociations.

Avez-vous discuté avec le Barreau, ou votre arrivée dans le monde juridique est une surprise pour eux aujourd’hui?

Non, le Barreau est au courant.

Notre association a été créée juridiquement en 2018. Pendant toute cette période de création, le Barreau du Québec et les Barreaux de section étaient au courant.

Comment ont-ils réagi?

De manière positive.

Comme il n'y avait pas d'organisation qui s'occupait des intérêts des membres, ils se retrouvaient de facto à combler cette lacune-là, comme ils le pouvaient, avec un certain inconfort.

Par notre arrivée, ils vont pouvoir se recentrer vers leur unique mission : la protection du public. Les barreaux et nous travaillerons de concert. Nous ne sommes pas des adversaires. On est juste dans des créneaux différents. J'ai l'appui de façon ouverte des bâtonniers de section.

Je ne pourrais pas dire ouvertement que j'ai l'appui du bâtonnier du Québec, mais il voit d'un bon oeil l'arrivée de notre association.

Quelles seront les priorités de l’association?

La valorisation de la profession et l’augmentation des tarifs juridiques.

On veut redonner à la profession ses lettres de noblesse. On veut que les avocats retrouvent leur fierté et celle de la population. Que les gens soient conscients de ce que nous faisons. Les avocats de la province me disent souvent que la perception des gens de leur mandat est déficiente.

Exclusivement, je vous annonce qu’on publiera bientôt des vidéos à ce sujet.

Puis, pour ce qui est de l’aide juridique, le Barreau a besoin d’aide. On mettra l’épaule à la roue pour l’aider.

Mais si vous avez besoin de mettre l’épaule à la roue dans ce dossier, alors qu’il s’agit d’un mandat accordé au Barreau, c’est nécessairement parce que vous considérez qu’il n’a pas entièrement fait son travail, contrairement à ce que vous mentionnez précédemment, n’est-ce pas?

Le Barreau faisait son travail en fonction de la protection du public.

Il a hérité de la position d’interlocuteur par le gouvernement, une mission inconfortable pour lui. Il a fait de son mieux au fil des ans. Est-ce que c’est satisfaisant pour ses membres?

Non, et je le dis sans gêne.

Donc, vous percevez-vous comme un lobby auprès du gouvernement?

Oui, évidemment, nous sommes inscrits en temps que lobby. Nous interviendrons lorsqu’il y aura une modification législative qui influencera la pratique des avocats.

Comment avez-vous décelé des besoins dans le monde juridique québécois?

 Me Catia Larose. Photo : LinkedIn de Catia Larose
Me Catia Larose. Photo : LinkedIn de Catia Larose
Quand je rencontre des avocats expérimentés, des vieux de la vieille, ils me disent que ça aurait dû être fait depuis longtemps.

De manière concrète, l'idée est dérivée de l’Association des avocats et avocats de province (AAP), qui existe toujours. Lors d’un congrès à Drummondville, alors que j’en étais présidente, on a déterminé qu’il serait temps qu’une association veille aux intérêts des avocats.

Pourquoi êtes-vous la meilleure personne pour mener à bien projet?

Oh boy! (rires) je n'y avais pas pensé à celle-là.

Est-ce que c'est moi ? Je ne sais pas. Je crois au projet et j'ai de l'énergie à y consacrer. J'ai été impliquée longtemps dans divers barreaux et j’ai un bon réseau à travers le Québec.

Quel est votre plus gros défi pour le moment?

L’adhésion des membres. La cotisation, de 25 dollars, est abordable pour tous. Le succès passe vraiment par cela.

Avez-vous des objectifs précis par rapport à cela?

D’ici la fin septembre, on veut 5000 membres, et la fin 2019, 10 000 membres.

Donc, on parle ici du tiers des membres du Barreau du Québec. Ce n’est pas rien!

Oui, mais il faut être ambitieux dans la vie, n’est-ce pas?

J’imagine. Quels avantages offrirez-vous à vos membres?

Devenir membre, c’est d'abord et avant tout un acte de solidarité. C’est d'adhérer à nos valeurs, de contribuer pour que la situation de la profession s'améliore.

On offre aussi des formations pratiques, quant à la gestion des cabinets, des nouvelles technologies, du personnel, donc, des aspects que maîtrisent moins les avocats. On ne veut pas jouer dans la cour du Barreau du Québec.

Par contre, l’Association du Barreau canadien (ABC) offre des formations similaires. Jouerez-vous dans leur cour?

Non , l’ABC continuera d’exister, j'en suis certaine. Leur réseau vise plus à développer ses intérêts sur une législation fédérale, tandis que nous aspirons surtout au niveau provincial. Je pense qu’on peut co-exister, peut-être même travailler ensemble.

Mais honnêtement, nous n’avons pas eu discussion à ce sujet.

C’est une grosse journée, et de grosses semaines à venir pour vous, n’est-ce pas?

Oui, on veut être présent aux rentrées pour que les gens nous manifestent leur soutien.

D’ailleurs, le premier ministre sera présent ce soir. Je me demande ce qu’il vient faire ici… a-t-il quelque chose à annoncer? J’ai hâte de voir cela, j’irai certainement le rencontrer...

Qu'allez-vous lui dire?

Je ne vous le dirai pas! (rires) Mais, vous avez bien essayé!
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